Ma pratique photographique est portée par le dialogue que j’entretiens avec le territoire et les espaces qui m’entourent. Ainsi, avant même de chercher un résultat, la photographie, les déplacements qu’elle implique et son aspect contemplatif, sont l’occasion de vivre une expérience de résonance dans laquelle se tisse un lien étroit entre les territoires visités et ceux qui m’habitent. Un axe de ma pratique artistique est inspiré par ce rapport sensible au monde et les travaux qui succèdent à l’expérience prennent différentes formes. Les images glanées au fil du temps, montrant les espaces naturels et habités de mon quotidien, sont le matériau de départ. En les alliant à d’autres langages (visuel, spatial, sonore, textuel), je crée des autorécits poétiques où j’évoque mes territoires intérieurs, où je crée une poésie du banal, où je fais l’état des lieux.
Parallèlement, la photographie documentaire est une autre façon pour moi d’explorer ces thèmes et m’amène à la rencontre de l’humain. À travers le récit personnel et ma rencontre avec l’autre, je m’intéresse à son propre rapport au territoire et observe les liens qui les unissent.
Ce qui habite ces deux axes et les traverse est cet intérêt que je porte aux territoires habités où, dans la rencontre, chacun se transforme. Là où un métissage se crée. Mes différents travaux cherchent à montrer ce qui est visible ou ce qui, plus subtilement, se révèle avec le temps. À travers eux, je m’intéresse au vivant, à ce qui nous habite et nous entoure, à ce qui nous fait et nous défait, à l’expérience intime, singulière et identitaire qui se crée au contact de l’altérité.
Née à Montréal, Emilie Couture vit depuis 2011 en Gaspésie et enseigne la photographie au Cégep de Matane.
Crédit photo : Caro Vuko